« La prière est la seule révolte qui se tienne debout. »

Georges BERNANOS (1888-1948)
Écrivain, romancier, essayiste

« Songeant à ma chronique, je rêvais donc aux Pâques de mon enfance et de ma jeunesse qui conditionnaient et structuraient la Société Française entière – des paschalisants et des non-paschalisants, des talas et des pas-talas, des croyants et des impies, – or, qu’est-ce qu’une religion, qu’est-ce qu’une foi, qui ne sécrètent pas des structures rituelles, doctrinales, morales, sociales, lesquelles nécessairement se voient et conditionnent la vie du monde, comme la sève des racines sécrète et structure les ramures de l’arbre, comme le code génétique de tout vivant sécrète et structure leur anatomie, leur psychologie, leur comportement ? – Songeant à tout cela, je revoyais – je revois, comme s’il était sous mes yeux – le Grand Z qui, plus précisément encore que le dimanche des Rameaux avec son chant grégorien de la Passion selon saint Matthieu, avec ses chanoines du chapitre cahotant à petits pas sur le pavé de la cathédrale de Châlons-sur-Marne en faisant frémir leurs palmes – de vraies palmes qui resservaient chaque année – derrière le vénérable évêque Tissier, lequel devait frapper de sa Crosse d’or le bronze des grilles du chœur, figurant ainsi l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem… sous les acclamations des enfants des Hébreux, Pueri Hebraeorum, oui plus strictement encore que ce dimanche-là, des Rameaux, qui, chaque année, nous annonçait de grandes choses solennelles et graves, tristes et joyeuses, c’était le Grand Z du Mercredi Saint au soir qui, pour moi, inaugurait « la Grande Semaine »… La suite : la semaine prochaine

Jean-Marie PAUPERT (1927-2010)
Essayiste, pamphlétaire et romancier