(Épître aux Éphésiens, V, 8)
Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !

Quand Dieu établit son autel dans le cœur d’une mère, tout le foyer devient son temple.
Gertrud von Le Fort (1876-1971)
Écrivain
« Ceux qui estiment à leur juste prix les deux romans déjà traduits de Gertrude von le Fort, le Pape du Ghetto et le Voile de Véronique, trouveront dans ce nouveau livre mieux qu’une confirmation de leur admiration première pour un art si puissant et si généreux : la surprise d’une perfection que l’on pourrait dire française. Je ne sais pas d’auteur, depuis Mérimée, qui ait réussi à faire tenir dans le cadre restreint de la nouvelle autant de réalité et de drame à cette différence près que le drame dont il s’agit, la réalité que l’on nous propose, se placent sur un plan que Mérimée ne pouvait pas même entrevoir, celui du sublime chrétien, de la passion spirituelle. En moins de cent cinquante pages tout est dit, avec une précision, une autorité et une vigueur dont sont capables seuls les maîtres : le mot de chef-d’œuvre n’est pas trop fort. Ici aucune concession à l’agrément, au pittoresque ; aucune sécheresse pourtant ; une matière psychologique et mystique d’une telle densité, d’une telle ressource, d’une telle authenticité que l’art lui-même disparaît. On se trouve en présence de la chose ; on la tient dans ses mains, on la presse : elle ne cède point. Rendons hommage au traducteur, M. Blaise Briod, qui nous la restitue entière, comme si elle avait été conçue et informée dans notre langue, sans effort. Dans quelle mesure l’histoire de Blanche de la Force, religieuse déchue, qui témoigna devant la mort, appartient à la fiction, le préciser est-il bien nécessaire ? Le martyre des Carmélites de Compiègne durant la Terreur est un fait : restait à lui conférer l’existence, l’épaisseur du réel. Pas une seconde, à la lecture de ces pages, il ne vient à l’esprit le plus prévenu contre l’histoire romancée de mettre en doute leur exactitude, non pas seulement matérielle, mais intérieure. Je ne crois pas que le regard d’un psychologue ait jamais plongé plus avant dans le mystère à la fois humain et divin de la conscience des servantes de Dieu et aussi de leur chair. Mme Lidoine, Soeur Marie de l’Incarnation, la pauvre Blanche de la Force, nous livrent en action, jusqu’à une évidence qui obsède, leurs doux et terribles secrets. Ajoutez à cela la Révolution toujours présente, sentie, pensée, vécue, pesant sur nous – et sur elles de tout son poids. A une heure si grave, où le même poids de terreur écrase un peuple voisin et ami dans son élite spirituelle, où les filles de sainte Thérèse d’Avila vivent le même drame, portent le même témoignage chaque jour, ce livre prend, dans sa force nue, implacable, dans son rayonnement céleste, une cruelle actualité. Il vient à point pour éclairer et exalter les âmes fortes ; aux âmes faibles il apporte un suprême espoir. »
Henri Ghéon (1875-1944)
Écrivain
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