Nous soutenir

Un original enjoué

« Marchez comme des enfants de lumière »
(Épître aux Éphésiens, V, 8)

Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !

Je bénis tous mes frères, tous ceux qui sont déjà dans l’Ordre et tous ceux qui y entreront jusqu’à la fin du monde ! Et, comme signe de cette bénédiction que je leur donne, et comme souvenir de moi, je leur laisse ce testament : à savoir, que toujours ils doivent s’aimer les uns les autres, comme je les ai aimés et les aime encore, et que tous ils doivent aimer et honorer notre maîtresse, Dame Pauvreté, et que toujours ils doivent obéir fidèlement aux prélats et aux prêtres de Sainte Mère l’Église. (Testament de saint François)

Saint François d’Assise (1182-1226)
Fils d’un riche marchand, il rompt avec le monde et fonde l’ordre des Frères Mineurs en 1209

« La grotte de saint François fut une fournaise ardente de gratitude et d’humilité. En son sein naquit l’une des personnalités les plus fortes, les plus étranges et les plus originales qu’ait connue l’histoire humaine. Comme on dit que tel personnage d’un roman ou d’une pièce est un caractère, on pourrait dire de François, mais à un degré supérieur, qu’il était vraiment un caractère. Non content d’être humaniste, il fut humoriste. Si nous nous souvenons qu’à l’origine, pour nous autres Anglais, un humoriste est en somme un original enjoué, cela veut dire qu’il allait son chemin dans la bonne humeur et faisait ce que personne d’autre n’aurait fait à sa place. François était mince, de cette minceur qui chez les gens vifs donne une impression de petitesse. Il était probablement plus grand qu’il ne paraissait. Il avait le teint basané des méridionaux, la barbe peu fournie, noire et effilée. Et son regard brûlait comme le feu qui le consumait nuit et jour. Bien entendu saint François n’avait rien d’un amoureux de la nature. L’expression pourrait même servir à définir ce qu’il n’était absolument pas… Il n’appelait pas la nature sa mère, mais tel âne son frère et telle hirondelle sa sœur. Aurait-il appelé telle sarcelle sa tante ou tel éléphant son oncle – il en était bien capable – qu’il aurait toujours voulu signifier qu’il s’adressait à une créature particulière, tenant sa place dans la pensée du Créateur. Par là son mysticisme est fort proche du bon sens des enfants. Un enfant n’a aucune difficulté à comprendre que Dieu fit le chien et le chat, tout en se rendant parfaitement compte que faire de rien le chien et le chat est une opération mystérieuse qui dépasse son imagination… Saint François n’était pas l’homme des claques dans le dos. Son sens quasi populaire de la fraternité ne s’accommodait pas de ce genre de manifestations. Il voulait que la camaraderie soit positivement fondée sur la courtoisie. Jusque dans ses élans poétiques les plus fantaisistes, il gardait pour chanter les fleurs, les animaux et même le règne animal, une sorte de déférence. Un jour que dans un bois les oiseaux pépiaient à cœur joie, il devait prêcher. Avec un geste courtois, il se tourna vers eux : « Petits frères, si vous avez maintenant achevé votre dire, c’est à mon tour de me faire entendre. » Je n’ai aucune peine à croire que tous les oiseaux se turent. Saint François par-dessus tout aimait donner et il pratiquait constamment la meilleure façon de donner qui est de rendre grâces. Car saint François comprenait jusqu’au tréfonds de lui-même le fondement de l’action de grâces. Et ce tréfonds était un abîme sans fond. Il savait que la louange divine repose sur sa base la plus solide quand elle ne repose sur rien. Il savait que nous ne mesurons bien à quel prodige nous devons d’exister, que lorsque nous devinons enfin quelle étrange miséricorde nous vaut d’échapper au néant. »

Chesterton (1874-1936)
Écrivain, journaliste


Dans la même catégorie « Éducation - Pédagogie », lisez aussi :
error: Content is protected !!