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L’inévitable Chesterton

« Marchez comme des enfants de lumière »
(Épître aux Éphésiens, V, 8)

Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !

« Le christianisme est toujours démodé puisqu’il est toujours sain, et toutes les modes sont des insanités. Quand l’Italie a la folie de l’art, l’Église semble trop puritaine ; quand l’Angleterre a la folie du puritanisme, l’Église passe pour trop artiste… L’Église semble toujours en arrière de son temps quand, en réalité, elle est au-delà, elle attend que la dernière marotte ait vu son dernier été. Elle tient la clef d’une vertu permanente… L’Église est la seule chose sur terre qui puisse perpétuer un type de vertu et en faire quelque chose de plus qu’une mode… Les empires s’écroulent, les conditions industrielles changent. Qu’est-ce qui restera ? Je vais vous le dire. Ce qui restera, c’est le saint catholique. »

Chesterton (1874-1936)
Écrivain, journaliste

« J’ai continuellement vécu de la pensée de Chesterton et je n’ai cessé d’y recourir toutes les fois qu’il s’agissait d’éclairer mon propos, en y projetant la lumière de ces concordances d’idées, de mots, d’images, qui montent de ses livres comme des fusées éblouissantes et retombent en bouquets étoilés. Cela d’ailleurs me valant l’ire de Paul Ponday qui agacé par ces incessants rappels, ne manquait jamais de parler à mon sujet de “l’inévitable Chesterton”. Ainsi, bien avant que j’eusse l’honneur de devenir l’ami de ce bon géant à la face ensoleillée, à la corpulence épanouie, et qui était aussi le plus joyeux des vivants, Chesterton figurait sur la liste de nos bienfaiteurs, de ceux dont l’œuvre aura été, pour nous, une libération. Dès l’abord, il combat pour le plaisir, par une sorte d’exubérance, de plénitude, de joie de vivre. Mais, au vif de l’engagement, il s’aperçoit que pour toucher si juste et si souvent, sa virtuosité dialectique n’a pas dû lui suffire ; la qualité de l’arme qu’il a en main ne laisse pas de l’étonner. Et peu à peu, l’on sent s’affermir la confiance de l’escrimeur, plus sûr de sa lame que de sa propre science. Il va désormais plus avant, il pousse au centre de toutes les contradictions, cherchant à atteindre l’essentiel sous la circonstance, l’éternel sous le transitoire. Que veut-il et quelle passion le mène ? Sous son allure paradoxale et alors qu’il semble tracer en l’air de surprenantes arabesques, on lui découvre une étrange gravité. Que demande-t-il à l’adversaire en le saluant ainsi de son arme ? Qu’il engage dans le défi, sa foi, ses idéaux, sa conception de l’univers. Il ne lui permet pas d’échappatoire, il ne lui cède pas un pouce de terrain ; il vise droit à la tête et au cœur car il s’agit d’un duel où la valeur ultime de la vie humaine est en cause. […] En s’imaginant qu’il était seul debout, face à l’adversaire, il s’aperçut qu’il était en réalité, soutenu par toute la chrétienté. L’arme qu’il croyait être la sienne ne lui appartenait même pas. […] Et lorsqu’au terme du combat on exigeait qu’il nommât sa philosophie, force lui était de répondre avec une humble déconvenue : “Je ne l’appelle pas philosophie, car je ne l’ai pas faite. Dieu et l’humanité l’ont faite et elle m’a fait moi-même.” »

Henri Massis (1886-1970)
Critique littéraire, essayiste politique et historien de la littérature


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