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Il est temps de nous voir

« Marchez comme des enfants de lumière »
(Épître aux Éphésiens, V, 8)

Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !

J’ai toujours estimé le savoir… À toutes fins, le savoir et l’instruction sont de grandes choses. Le fait d’avoir aimé les bons livres m’a donné la vie. La terre, si fertile qu’elle soit, ne produit que des ronces et des épines, quand elle n’est pas travaillée. Ainsi en est-il de l’esprit humain.

Sainte Thérèse d’Avila (1515-1582)
Carmélite

« En Espagne, il suffit de dire en parlant d’elle : la Santa. Thérèse “la grande” nous semble a priori très éloignée de nous, d’un autre temps, d’un autre univers, d’une autre étoffe. Le siècle qui a donné rendez-vous à Thérèse est le Grand Siècle ibérique, le XVIe. Thérèse d’Avila est à la taille de ce cadre historique somptueux ; en son ordre, elle est comparable aux grands génies de la Renaissance. Elle avait un courage viril et fort qui dépassait son sexe. Certaines lignes de son premier biographe, le jésuite Ribera, lui donnent toute sa stature : “Elle avait une grandeur de cœur qui est la vertu appelée magnanimité, de sorte qu’elle ne doutait pas d’entreprendre des choses grandes et extraordinaires et d’en venir à bout ; elle y prenait même grand goût et plaisir, les choses faciles et ordinaires ne lui procuraient pas le même contentement.” Qu’on en juge ! A l’âge où les petites filles jouent à la poupée dans les jupes de leur mère, elle a tenté de s’enfuir de la maison paternelle pour trouver le martyre. Adolescente, elle a tous les talents, et, en plus, le don de plaire. Astucieuse aux échecs, hardie à cheval, elle brode à la perfection et surtout se taille un large royaume dans le domaine du rêve. Grande lectrice de romans, elle n’hésite pas à prendre la plume elle-même pour raconter l’histoire du Chevalier d’Avila. Au Carmel, Thérèse de Jésus ne pourra davantage vivre en médiocre : une fois dépassés les atermoiements et tâtonnements de ses premières années religieuses, la voilà ensuite occupée à réformer et à fonder des monastères. Elle parcourt les routes d’Espagne dans de lourds chariots, admirée, vénérée, critiquée ou persécutée, mais toujours grande et jamais dominée par son destin : “Mourir, oui, être vaincue, jamais.” Elle écrit au roi Philippe II, traite librement avec les grands de ce monde, comme si elle eût été l’un d’entre eux. Elle arrive même parfois à incliner vers ses volontés les seigneurs archevêques les plus autoritaires. “Fille de l’Église”, elle dilate son âme aux dimensions de la chrétienté, elle ressent en quelque sorte physiquement le déchirement de la Réforme, la détresse des âmes assises à l’ombre de la mort… Et elle ne peut accomplir la tâche particulière qui lui est dévolue qu’en baignant son âme dans l’universel et l’intemporel, en découvrant un vaste univers intérieur au moment où les hommes de son temps dressent la carte du globe. Sa mort fut grande comme sa vie. Le visage calme et si lumineux “qu’on eût dit un soleil enflammé”, Thérèse murmure : “Il est temps de nous voir, mon Aimé, mon Seigneur”, et se hâte vers la rencontre. »

R. P. François de Sainte Marie O. C. D. (1910-1961)
Ordre des Carmes déchaux


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