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La maladie des fautes d’orthographe

« Marchez comme des enfants de lumière »
(Épître aux Éphésiens, V, 8)

Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !

J’aime passionnément la langue française, je crois tout ce que la grammaire me dit et je savoure les exceptions, les irrégularités de notre langue.

Jules Renard (1864-1910)
Écrivain

« Nous avions adopté un orphelin de la guerre dont le père avait été tué à Verdun et dont la mère était morte peu de jours après. L’enfant avait dix ans et était entretenu dans un pensionnat de frères par les grands-parents. Nous apportions notre contribution momentanée. Mais il fallait à ce petit de l’argent de poche et voici le moyen qui fut imaginé pour lui en procurer. Mes élèves avaient une maladie qui a peut-être disparu à l’heure actuelle qui est la maladie des fautes d’orthographe ; et les professeurs de la Sorbonne, encore gardiens de la tradition, considéraient cette maladie comme grave et notaient sévèrement à l’examen du baccalauréat les élèves qui en étaient atteints. Comment guérir ? Il fut convenu, d’un accord commun et solennel, que chaque faute d’orthographe serait payée d’une amende de dix ou vingt-cinq centimes suivant le poids, que cette amende serait prise sur l’argent de poche du délinquant et remise au collecteur, le fourrier de la classe. A la fin du mois, ce serait le pécule providentiel de notre orphelin. Le premier mois, notre petit adopté se trouva riche. Mais, résultat que mes élèves n’attendaient pas et que j’attendais, de mois en mois le pécule de l’orphelin s’amenuisa. Les fautes d’orthographe étaient trop chères et pesaient sur la bourse personnelle. On fit attention, on se corrigea, pas entièrement. Je conseille la recette pour les enfants affligés de la maladie des fautes d’orthographe, on n’a qu’à leur faire adopter un orphelin ; même s’ils ont bon cœur, ils aimeront mieux en définitive se corriger que se ruiner. »

Auteur du xxe siècle
Écrivain


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