(Épître aux Éphésiens, V, 8)
Parents, maîtres et éducateurs, nous avons pour mission de mener les âmes des enfants vers la Lumière qui sera le chemin de leur vie et leur bonheur. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir quelques paroles de guides et de témoins pour éclairer notre propre route à l'aune de cette parole de saint Thomas d'Aquin : “Ne regarde pas à celui qui parle, mais tout ce que tu entends de bon, confie-le à ta mémoire.” (Seize conseils pour acquérir le trésor de la science). Bonne lecture !
J’avais choisi la fête de saint Ignace pour la clôture des exercices religieux. Plus de cent enfants me furent présentés pour le baptême, ainsi que onze vieillards, dont plusieurs, portés sur des peaux de buffle, semblaient n’attendre que cette grâce pour s’endormir en paix dans le sein de Dieu. Le plus âgé, aveugle et presque centenaire, me dit :
– Ma vie a été longue sur la terre. Depuis longtemps, mes pleurs ne cessent de couler, car j’ai vu mourir tous mes enfants et mes anciens amis. L’isolement s’est fait autour de moi ; je vis dans ma tribu comme parmi des étrangers ; les souvenirs seuls m’occupent, et ils sont tristes et amers. Cependant, une chose me console : j’ai toujours évité la compagnie des méchants ; mes mains sont restées pures de leurs vols, de leurs querelles et de leurs meurtres. Aujourd’hui que le Grand Esprit m’a pris en pitié, je suis content ; je lui donne mon cœur et lui offre ma vie.
Père Peter De Smet s.j. (1801-1873)
Missionnaire
« – Robe-Noire, dit-il en sanglotant, je suis un père malheureux. J’ai perdu ma fille bien-aimée. Aie pitié de moi. J’ai appris que la prière des robes-noires est puissante auprès du Grand-Esprit. Parle en ma faveur au Maître de la vie, et je conserverai l’espoir de revoir mon enfant.
À ces paroles, que la consternation du vieillard rend émouvantes, le missionnaire promet de l’aider de sa prière, mais l’avertit que lui-même doit, par une conduite honnête, se rendre le ciel favorable. Il le fait renoncer à toute agression injuste contre ses voisins, et l’invite à écouter, avec toute sa tribu, les ordres du Grand-Esprit.
Le lendemain, il offre le saint sacrifice. Le chef sauvage y assiste, implorant à haute voix l’aide du Tout-Puissant.
Rentré chez lui, le Poisson-Rouge rassemble ses guerriers et leur fait part de son entretien avec la robe-noire. Au même instant, des cris de joie retentissent à l’extrémité du camp. On accourt, on s’informe : la captive est de retour. Le vieux chef ne peut en croire ses oreilles. Il se lève, sort de sa loge, et voit son enfant se jeter dans ses bras. Qu’était-il arrivé ? On l’apprit bientôt de la bouche même de la jeune fille.
– J’étais, dit-elle, depuis le commencement de ma captivité, attachée chaque nuit, par les mains et les pieds, à des piquets solidement fichés en terre. Une nuit, une femme, que je ne connais pas, vint dénouer mes liens : elle me donna des vivres, ainsi que plusieurs paires de mocassins, et me dit tout bas : « Lève-toi, et retourne chez ton père ». Je me levai, et marchai toute la nuit. Au point du jour, je me cachai dans le creux d’un arbre, au bord d’une rivière. Quelques heures plus tard, une bande de guerriers, lancés à ma poursuite, passèrent à côté de moi sans m’apercevoir. Ne suivant plus mes traces de l’autre côté de la rivière, ils retournèrent chez eux déconcertés. La nuit tombée, je me remis en route. J’ai ainsi marché, presque sans m’arrêter, six jours et six nuits, jusqu’au moment où j’ai eu la joie de retrouver mon père.
Quelle était cette femme qui avait délivré la captive ? Le P. De Smet ne se prononce pas ; mais il constate que le fait était arrivé la nuit même qui avait suivi la messe célébrée au fort Pierre. »
Lawrence Benedict Palladino (1837-1927)
Auteur de “Indian and White in the Northwest; A History of Catholicity in Montana”
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